Benoît Peeters
Grandes biographies, Flammarion, 2002
1. Un autre monde, p. 122
Comme l'écrivait Roland Barthes, « la meilleure arme contre le mythe, c'est peut-être de le mythifier à son tour, c'est de produire un mythe artificiel... Le pouvoir du second mythe, c'est de fonder le premier en naïveté regardée ».
2. L'apprentissage du récit, p. 129
Hergé n'avait bien sûr pas lu Walter Benjamin ; et ce dernier, malgré l'étendue de sa curiosité, devait tout ignorer des Aventures de Tintin. Cela n'empêche pas L'Oreille cassée de constituer une parfaite métaphore de la nouvelle situation esthétique décrite par le philosophe allemand.
3. Le signal de la quarantaine, p. 265
Ma vraie nature s'exprimait spontanément dans mes tintineries. Tout cela était frais, jeune, spontané, net et propre, et un rien niais.[Lettre à Germaine, 1947]
1. Les années médianes, pp. 363-364
Tintin [est] né sans état civil, [a] pu poursuivre ses aventures, vingt-quatre albums durant, sans nom, sans âge, sans réelle profession et sans autre famille que celle qu'il se forge peu à peu. [...] Sa mémoire est celle d'un corpus, non d'un corps : aucun souvenir, aucune allusion, ne renvoie à un entre-deux-livres, moins encore à un événement antérieur à Tintin au pays des Soviets. [...]
Tintin est une pure idéalité, acceptée comme telle par tous les autres acteurs. Il n'obéit pas aux mêmes règles que ses compagnons.
1. Le bouquet final, p 405
[Les Bijoux de la Castafiore]
C'est comme si, de Jung on était passé à Freud, et même à un Freud assez lacanien : celui de L'Interprétation des rêves, du Mot d'esprit dans ses rapports avec l'inconscient et surtout de La Psychopathologie de la vie quotidienne dont l'album d'Hergé semble constituer, à bien des égards, une libre adaptation.
p 407
L'un des traits les plus frappants de la série est qu'elle constitue un roman de désapprentissage.