Abel Rémusat fut le premier en Europe à attirer l'attention sur Lao-tseu, en publiant en 1823 son célèbre Mémoire sur la vie et les opinions de Lao-tseu, philosophe chinois du VIe siècle avant notre ère. Abel Rémusat rapprochait les idées du penseur chinois de cells de Pythagore et de Platon. Il avançait, en outre, une hypothèse qui eut un retentissement considérable. Au chap. XIV du Tao-tö-king, on peut interpréter : « Celui qu'on ne voit pas quand on le regarde est appelé I ; celui qu'on n'entend pas quand on l'écoute est appelé Hi ; celui qu'on ne touche pas quand on le palpe est appelé Wei. » Rémusat était d'avis que les trois mots I-hi-wei n'avaient aucun sens en chinois et il crut y retrouver une transcription du nom de Yahveh.
Stanislas Julien, le disciple et le successeur d'Abel Rémusat au Collège de France, donna en 1842 une traduction intégrale du livre De la Voie et de la Vertu ; en se fondant sur l'autorité des commentateurs chinois, il traduisit les mots I-hi-wei comme signifiant « incolore », « aphone » et « incorporel ».
Le nom que l'on peut prononcer
n'est pas le Nom éternel.
C'est ce qui manque
qui donne
la raison d'être.
Mon ouïe est en alerte,
et je ne l'entends pas :
il s'appelle l'Inaudible.
Mes mains se tendent
et ne rencontrent rien :
il s'appelle l'Impalpable.
Et il possède un trésor précieux :
ce qu'il a donné aux autres.