L'archipel du Goulag

1918-1956, essai d'investigation littéraire
Alexandre Soljénitsyne, Архипелаг ГУЛаг, 1973
Traduction de Jacqueline Lafond, José Johannet, René Marichal, Serge Oswald, Nikita Struve, et Geneviève Johannet
Première et deuxième parties (Tome 1)
Troisième et quatrième parties (Tome 2)
Cinquième, sixième et septième parties (Tome 3)
Le Seuil, 1974

I. L'industrie pénitentiaire

II. Le mouvement perpétuel

4 D'île en île

p. 418
On peut admettre qu'il ne s'est pas trouvé simultanément dans les camps plus de douze millions de personnes (les uns s'en allaient sous terre, la Machine en apportait de nouveaux). Et, de ce nombre, les politiques ne faisaient pas plus de la moitié.
Note 1
D'après la documentation du social-démocrate Nicolaïevski et de Daline, il y a eu entre quinze et vingt millions de détenus.

III. L'extermination par le travail

6 V'la les fascistes

p. 138, note 2
Lorsqu'on examine les projets de conventions de désarmement universel, il y a toujours une chose qui me tracasse : dans la liste des armes interdites, personne ne cite jamais les chiens policiers. Or ils causent bien plus de tracas aux hommes que les fusées.

17 Les mouflets

pp. 334-335
[...] en 1927, les détenus âgés de seize (notez qu'on ne compte pas les plus jeunes) à vingt-quatre ans constituaient 48 % de l'ensemble des détenus. Ce qui peut se comprendre ainsi : en 1927, presque la moitié de tout l'Archipel était formée de la jeunesse que la révolution d'Octobre avait trouvée âgée de six à quatorze ans.

19 Les zeks en tant que nation

p. 383
L'attitude vis à vis du travail officiel. Les zeks nourrissent l'idée absolument fausse que le travail a pour vocation de leur sucer leur vie tout entière et que, par conséquent, leur seul salut consiste, tout en travaillant, à ne pas se donner au travail. Les zeks le savent bien : il est impossible de venir à bout du travail qui leur est imposé (ne vous raccrochez pas à l'idée qu'en somme, voilà, vous allez vous dépêcher de finir pour pouvoir ensuite vous asseoir et vous reposer : à peine vous serez-vous assis qu'on vous collera sur le dosune nouvelle tâche). Le travail adore les imbéciles.

Mais comment procéder ? Refuser ouvertement de travailler ? Impossible de trouver pire ! C'est un coup à se faire envoyer pourrir au cachot, à y mourir de faim. Aller au travail : il n'y a pas moyen de faire autrement, mais une fois qu'on y est, il faut non pas en baver mais « torchonner », non pas marner mais tirer sa loupe, coincer sa bulle (c'est-à-dire d'une façon ou d'une autre, ne pas travailler).

IV. L'âme et les barbelés

1 Élévation...

p. 454
Personne ne cherche à te faire entrer au parti. Personne ne t'extorque de cotisations à des organisations bénévoles. Pas de syndicats pour « défendre tes intérêts » à la manière des avocats commis d'office. Pas d'assemblée pour discuter de la production. On ne peut t'élire à aucune fonction. On ne peut te confier aucune responsabilité. Et, surtout, on ne te contraindra pas à faire de la propagande. Ni à écouter celle des autres. Ni à crier au moindre commandement : « Nous exigeons, nous ne tolérerons pas... » Ni à te traîner jusqu'au bureau de vote pour voter librement et secrètement pour le candidat unique.

4 Quelques destins

1. Anna Pétrovna Skrinikova

p. 491
Si tous avaient eu ne serait-ce que le quart de son intransigeance, le cours de l'histoire de la Russie en eut été changé.

V. Le bagne

1 Voués à la mort

p. 26
Que sous aucun rapport — nombre des martyrisés, enracinement dans la durée, portée du dessein, totalitarisme unifié à tous les niveaux — aucun système terrestre ne soutient avec lui la comparaison, pas même le régime de ce novice de Hitler qui obscurcissait à l'époque les yeux de tout l'Occident.

7 Le chaton blanc

(Récit de Georges Tenno)

VI. La relégation

VII. Staline n'est plus

3 La loi aujourd'hui

p. 434
Les ténèbres de l'ignorance générale étaient encore si épaisses sous Khroutchev que non seulement l'étranger n'a rien su, non seulement la radio occidentale ne nous a rien expliqué, mais que la plupart de nos concitoyens ignorent jousqu'au nom de cet événement : Novotcherkassk, 2 juin 1962.

Postface

p. 452
Mais quoi, ce caractère saccadé, inachevé, est bien le propre de notre littérature persécutée. Acceptez donc ce livre tel qu'il est.

History
Marc Girod