Le monde d'hier

Souvenirs d'un Européen
Stefan Zweig, Die Welt von gestern, 1941
Traduction de Serge Niémetz, Belfond 1982, 1993, Le Livre de Poche

Préface

p. 11
[...] j'ai vu croître et se répandre sous mes yeux les grandes idéologies de masse, fascisme en Italie, national-socialisme en Allemagne, bolchévisme en Russie, et avant tout cette plaie des plaies, le nationalisme, qui a empoisonné la fleur de notre culture européenne.

Le monde de la sécurité

p. 18
Les hommes devenaient plus beaux, plus robustes, plus sains depuis que le sport trempait leur corps comme de l'acier ; on rencontrait de plus en plus rarement dans les rues des infirmes, des goîtreux, des mutilés, et tous ces miracles, c'était l'œuvre de la science, cet archange du progrès ; d'année en année, on donnait de nouveaux droits à l'individu, la justice se faisait plus douce et plus humaine, et même le problème des problèmes, la pauvreté des grandes masses, ne semblait plus insoluble.

L'école au siècle passé

p. 48
Ce manque d'amour humain, cette froide impersonnalité et ce régime de caserne nous aigrissaient à notre insu. Nous devions apprendre et réciter nos leçons ; en huit ans, jamais un professeur ne nous a demandé ce que nous désirions personnellement étudier, et nous étions totalement privés de ces encouragements si stimulants auxquels aspirent en secret tous les jeunes gens.

Mémoires
Marc Girod