L'homme sans qualités

Robert Musil (der Mann ohne Eigenshaften)
Traduction Philippe Jaccottet (1956)
Éditions du Seuil, Points. 2004

Personnages :

Tome I

Première partie. Une manière d'introduction

1. D'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit.

p. 11 (incipit)
On signalait une dépression au-dessus de l'Atlantique [...]

14. Amis d'enfance

p. 63
Il n'est pas de plus bel exemple de l'inéluctable que celui que nous offre un jeune homme doué se rétrécissant pour entrer dans la peau d'un vieil homme quelconque [...]

16. Une mystérieuse maladie d'époque

p. 71
[...] la grandeur d'une époque ne dépend pas de ses grands hommes : la médiocrité intellectuelle des années 60 et 80 n'a pas été plus capable d'entraver le développement de Hebbel et de Nietzsche que l'un ou l'autre de relever le bas niveau intellectuel de ses contemporains.

Deuxième partie. Toujours la même histoire

35. M. le directeur Léon Fischel et le Principe De Raison Insuffisante.

p. 168
[...] ni moi ni personne ne sait ce qu'est le vrai, mais je puis vous certifier qu'il est en passe de devenir réalité !

62. La terre même, mais Ulrich en particulier, rend hommage à l'utopie de l'essayisme

p. 313
Tous ceux qui [...] sont si fiers de rationaliser tout ce qu'ils touchent, ces hommes-là préfèrent abandonner les questions de beauté, de justice, d'amour et de foi, bref tous les grands problèmes humains, dans la mesure où leurs intérêts n'y sont pas en jeu, à leurs femmes, et, quand celles-ci n'y suffisent pas, à une sous-espèce d'hommes qui évoquent pour eux, dans des tournures millénaires, le calice et le glaive de la vie, cependant qu'ils les écoutent avec frivolité, scepticisme et contrariété, sans croire un mot de ce qu'ils disent et sans penser même à la possibilité qu'il y aurait d'y changer quelque chose.

63. Bonadea a une idée

[...] l'homme responsable de ses actes peut toujours agir autrement qu'il ne le fait, mais l'irresponsable jamais !

74. Le IVe siècle av. J.-C. contre l'an 1797. Ulrich reçoit une nouvelle lettre de son père.

p. 400

Si la logique empirique connaît des personnes qui sont partiellement malades et partiellement saines, la logique du droit, elle, eu égard à un même fait, ne peut jamais admettre un mélange de deux états juridiques ; à ses yeux, les personnes sont responsables ou ne le sont pas [...]

85. Les efforts du général Stumm pour mettre de l'ordre dans l'esprit civil

p. 473

Ne prends pas les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.

103. La tentation

pp. 614-615
« Vous voulez sans doute m'expliquer le progrès ? » [...]

« Mais naturellement ! [...] On appelle ça un peu obscurément la loi des grands nombres. [...] il m'importerait beaucoup de savoir s'il faut chercher là-derrière quelque mystérieuse loi de la totalité ou si tout simplement, par une ironie de la Nature, l'exceptionnel provient de ce qu'il ne se produit rien d'exceptionnel, et si le sens ultime du monde peut être découvert en faisant la moyenne de tout ce qui n'a pas de sens ! [...] »

p. 616

« [...] Vous êtes si pressés ! [...] Ne reconnaîtrez-vous pas qu'il est ridicule et pénible à la longue de toujours poursuivre ou réaliser des desseins extrêmes pour n'aboutir qu'à du médiocre ? »

p. 617

[...] chacun d'eux se croit terriblement intelligent, et tous ensemble jugent que l'époque est condamnée à la stérilité. Mais peut-être est-ce l'inverse ? C'est-à-dire que chacun d'eux serait bête, mais qu'ils seraient, tous ensemble, féconds ?

121. L'explication

p. 809
[...] il regarda l'homme qui lui avait proposé, pour des raisons assez obscures de devenir son ami.

Tome 2

Troisième partie. Vers le règne millénaire ou les criminels

18. Difficultés d'un moraliste dans la rédaction d'une lettre

p. 188
[...] dans les circonstances qui les mettent en contradiction avec leur entourage, les hommes déploient toute leur force, alors que, là où ils n'ont que leur devoir à faire, ils se comportent, assez naturellement, comme pour le paiement des impôts. D'où il s'ensuit que le mal est toujours accompli avec plus ou moins de fantaisie et de passion, alors que le bien se distingue par une incontestable et pitoyable pauvreté émotive.

26. Printemps au jardin potager

p. 293
[...] les crimes vraiment grands ne viennent pas de ce qu'on les commet mais de ce qu'on les laisse faire.

54. Comme quoi il n'est pas simple d'aimer

p. 553
[...] les descriptions classiques de l'amour [...] : des craintes et des feintes, des feux et des vœux, une nostalgie indéfinie...

59. Tentatives pour aimer un monstre. (Variante pour le chapitre : Édition spéciale d'une grille de jardin. Tirée d'une ébauche.)

p. 599
Je crois que la beauté, dit Ulrich, n'est pas autre chose que l'expression du fait qu'une chose a été aimée.

70. De grands changements

p. 682
Ces diplomates prennent l'air ignorant même quand ils le sont réellement.

p. 688

[La] mentalité authentiquement hypocrite est, sous toutes ses formes, quelque chose d'étrangement excitant !

Romans
Marc Girod