L'Usage des quartiers

Action publique et géographie dans la politique de la ville (1982-1999)
Philippe Estèbe
Préface de Jacques Donzelot
Logiques Politiques
L'Harmattan, 2004

La notion de « quartier » est autopoïétique : elle n'est pas définie de l'extérieur, dans les rapports d'experts ou par la loi [cf p 64]. Le territoire joue le rôle d'un micro-domaine au sens de Hofstadter, c'est-à-dire d'une clôture concrète enfermant en fait la totalité de la complexité à traiter (pour mettre en oeuvre une application d'intelligence artificielle). Mots-clé : géographie prioritaire, politique de la ville, quartier en difficulté, discrimination positive.

Introduction

La territorialisation de l'état providence, p 32
Le territoire peut-il prendre place à coté -- ou à la place -- des catégories classiques d'assurés sociaux et d'ayants droit ?

Chapitre premier - La politique de la ville dans l'action publique

Peut-on parler d'une crise du modèle français d'action publique ?

Le système d'intégration : de la sélection a priori à l'éviction a posteriori, p 43
Le taux de bacheliers passe de 3 % d'une classe d'âge en 1939 à 12 % en 1963 et 27 % en 1982.
Le service public : l'inversion de la relation entre puissance et service, p 47-48

[Le service public] combine trois dimensions complémentaires :

L'administration territoriale : les modernes ont changé de camp, p 53
Le pouvoir local est, en France, résiduel.

p 60

Le personnage « perturbateur » du modèle classique, c'est-à-dire le député-maire de grande ville qui n'a plus besoin du Préfet.

La politique de la ville, un modèle d'action publique ?

p 64
On parle [...] des « quartiers » comme si chacun voyait bien de quoi il s'agissait, [...] comme on parlait jadis des « économiquement faibles » ou, naguère, des « nouveaux pauvres ».

p 65

À quelques années de distance, la politique de la ville se présente comme un véritable discours de la méthode de l'action publique.

p 69

Tout se passe comme si le territoire se substituait à la société comme critère de l'action publique. Ceci correspond, sans doute, à une forme de réduction des ambitions de l'action publique.

Chapitre III - La territorialisation comme répertoire

Vive les quartiers populaires !

Ambitions et limites de la valorisation des quartiers populaires, p 136
« Ce qui me frappe dans la commission des quartiers, c'est que c'est un État sans pouvoir, un État qui s'est simplement donné comme moyen de fonctionnement et comme moyen d'exercice la négociation. »
[Michel Péraldi, in Les cités en question]

Les quartiers comme symptômes

Désaffiliation et crise du salariat, p 147
Le lieu n'est pas précarisant, ce sont les précaires qui sont localisés.

La résorption des handicaps

Les limites de la discrimination positive territoriale, p 180
L'insertion, de sas, devient une nasse, une condition inédite de débutant perpétuel.

p 181

La discrimination positive est acceptable à condition qu'elle soit temporaire.

Errata :
Essais, Politique
Marc Girod
Last modified: Wed Sep 8 08:47:49 EEST 2004