L'idée de bien chez Tolstoï et Nietzsche

(Philosophie et prédication)
Léon Chestov
Vrin, 1949
Traduit du russe par T. Rageot-Chestov et G. Bataille

p. 138-139

Nous le répétons, ce n'est ni la foi ni le christianisme qui ont amené Tolstoï à ces négations ; il ne dit pas un mot sur la foi dans toutes ses œuvres. Dieu est remplacé par le bien, et le bien par l'amour fraternel des hommes. Une telle foi, en somme, n'exclut pas un athéisme absolu, une complète incrédulité, et elle conduit, inévitablement, au désir de détruire, d'étouffer, d'écraser les autres, au nom d'un principe quelconque posé comme obligatoire : et cependant ce principe est, par lui-même, plus ou moins étranger et inutile, aussi bien à celui qui le défend qu'aux autres hommes.

Lev Tolstoï,
Les chemins de la philosophie, 4.11.2019,
Essais
Marc Girod