de Maurice Merleau-Ponty
Imprégné de Husserl, Bergson, Péguy, Machiavel.
p 44
Quand Socrate refuse de fuir, ce n'est pas qu'il reconnaisse le tribunal, c'est pour mieux le récuser.
p 69
Machiavel est tout le contraire d'un machiavélique puisqu'il [...] « vend » la mèche.
p 71
Ce n'est pas la même chose de se taire et de dire pourquoi l'on ne veut pas choisir.
p 73
Le philosophe est l'homme qui s'éveille et qui parle.
[Saussure] distinguait une linguistique synchronique de la parole et une linguistique diachronique de la langue, irréductibles l'une à l'autre.
III Conséquences touchant la philosophie phénoménologique, p 106
Le phénomène central du langage est l'acte commun du signifiant et du signifié.
p 108
Une langue [...] un système fini de signes qui se prétend [...] capable en principe de capter tout être qui se présenterait.
p 111
C'est dans l'exercice de la parole que j'apprends à comprendre.
Lui même qui parle ainsi, d'où parle-t-il ? Cette idée d'un temps historique qui contiendrait les philosophes comme une boîte contient un objet, le sociologue ne peut la former qu'en se plaçant à son tour hors de l'histoire.
Notre idée du savoir est si exigeante qu'elle met tout autre type de pensée dans l'alternative de se soumettre comme première esquisse du concept, ou de se disqualifier comme irrationnelle. Or ce savoir absolu, cet universel concret dont l'orient s'est fermé le chemin, la question est de savoir si nous pouvons, comme Hegel, y prétendre. Si nous ne l'avons pas effectivement, c'est toute notre évaluation des autres cultures qu'il faut revoir.
IV Le grand rationalisme, p 216
Il faudrait appeler « petit rationalisme » celui qu'on professait ou qu'on discutait en 1900 et qui était l'explication de l'Être par la science. Il supposait une immense Science déjà faite dans les choses, que la science effective rejoindrait au jour de son achèvement [...] Il nous est bien difficile de revivre cet état de la pensée, pourtant si proche.
p 217
Mais on ne croyait pas céder à une mythologie. On croyait parler au nom de la raison.
p 218
Si ce rationalisme-là est pour nous difficile à penser, c'est qu'il était, défiguré, méconnaissable, un héritage [...] C'était le fossile d'un grand rationalisme, celui du XVIIe siècle [...] qui avait déjà dépéri au XVIIIe siècle, et dont il ne restait dans le rationalisme de 1900 que quelques formes extérieures.
Le XVIIe siècle est ce moment privilégié où la connaissance de la nature et de la métaphysique ont cru trouver un fondement commun. Il a créé la science de la nature et n'a pourtant pas fait de l'objet de science le canon de l'ontologie. Il admet qu'une philosophie surplombe la science, sans être pour elle une rivale.
p 219
Tous les problèmes qu'une ontologie scientiste supprimera en s'installant sans sens critique dans l'être extérieur comme milieu universel, la philosophie du XVIIe siècle ne cesse, au contraire, de les poser.