de la tyrannie

Léo Strauss
On Tyranny: an Interpretation of Xenophon's Hieron
TEL gallimard, 1954
traduit de l'anglais par Hélène Kern
précédé de Hiéron de Xénophon
et suivi de Tyrannie et Sagesse
d'Alexandre Kojève

Un long commentaire de Strauss sur un court dialogue de Xénophon : de quoi faire douter de l'efficacité des moyens de celui-ci. Des notes abondantes en plus - de Strauss lui-même.

de la tyrannie

II Le titre et la la forme, p 57

Xénophon, disciple de Socrate, paraît bien avoir considéré la démocratie et la tyrannie comme des régimes défectueux.

III La forme du dialogue, p 72

Dans la première partie de l'oeuvre, Simonide cache sa sagesse.

V Les deux manières de vivre, p 171

[Simonide] permet même à Hiéron de le mettre en échec, mais au moment de sa victoire, Hiéron se rend compte du fait que loin d'avoir vaincu Simonide, il a seulement préparé sa propre défaite.

p 172

Cet aspect si clair de l'action est l'une des particularités de l'Hiéron. Dans la plupart des Dialogues de Xénophon, il n'y a aucun changement dans la conduite de la conversation : Socrate les dirige depuis le commencement jusqu'à la fin.

Tyrannie et sagesse

Alexandre Kojève, p 230-231

Personne ne critique, même de nos jours, le gouvernement par la force des enfants, des criminels ou des fous, et on ne critiquait pas jadis un tel gouvernement des femmes, des esclaves ou des « métèques » par exemple.
Il y a tyrannie (au sens moralement neutre du mot) là où une fraction des citoyens (peu importe qu'elle soit minoritaire ou majoritaire) imposent à tous les autres citoyens leurs idées et leurs actes, qui sont déterminés par une autorité qu'eux-mêmes reconnaissent spontanément, mais qu'ils n'ont pas réussi à faire reconnaître par les autres, et ils le font sans « composer » avec eux, sans chercher de « compromis » avec eux, sans tenir compte de leurs idées et désirs (déterminés par une autre autorité, spontanément reconnue par ces autres).

p 272-273

Les origines lointaines de l'idée politique se trouvent dans la conception universaliste religieuse qu'on rencontre déjà chez Ekhnaton et qui culmine chez Saint-Paul. C'est l'idée de l'égalité foncière de tous ceux qui croient en un seul Dieu. Cette conception transcendante de l'égalité sociale diffère radicalement de la conception socrato-platonicienne de l'égalité des êtres ayant la même « essence » immanente.
Pour Saint-Paul il n'y a pas de différence « essentielle » (= irréductible) entre le Grec et le Juif parce que les deux peuvent DEVENIR chrétiens, et ceci non pas en « mélangeant » les « qualités » grecques et juives mais en les niant toutes les deux et en les « synthétisant » dans et par cette négation même en une unité non pas innée ou donnée, mais (librement) créée par la « conversion ».

Mise au point

Léo Strauss, p 337

Si l'État universel et homogène est le but de l'Histoire, l'Histoire est nettement « tragique ».

Philo ToC
Marc Girod
Last modified: Thu Nov 7 23:10:26 EET 2002