Histoire et conscience de classe

Georg Lukàcs
Preface de Kostas Axelos, 1959

Préface de la présente édition

Exergue, p. 1
Le Vrai et le Faux appartiennent à ces pensées déterminées qui, dans leur immobilité, valent comme des essences particulières, dont l'une est d'un coté quand l'autre est de l'autre coté, et qui se tiennent rigides, sans communiquer. À l'encontre de cette conception, il faut affirmer que la vérité n'est pas une monnaie frappée qui, telle quelle, est prête à être dépensée et encaissée. Il y a aussi peu un faux qu'il y a un mal... On ne peut cependant dire pour cela que le faux constitue un moment ou même une partie du vrai... Le faux n'est plus en tant que faux un moment de la vérité.
G.W.F. Hegel, Préface à la Phénoménologie de l'Esprit.

p. 2

Dans la Montagne Magique [Thomas Mann] fit figurer Lukàcs sous le nom de Naphta [...]

p. 4

Les idoles étaient les mêmes des deux cotés : le culte du scientisme, de l'objectivisme, des sciences de la nature, — en un mot, du positivisme.

Rosa Luxembourg, marxiste

III

p. 56
L'histoire des problèmes (étudiés) devient effectivement une histoire des problèmes. [...] L'étude historique de la littérature portant sur les problèmes est ainsi la plus apte à exprimer la problématique du processus historique. L'histoire de la philosophie devient philosophie de l'histoire.

La conscience de classe

I

p. 76
Il est tout à fait clair aujourd'hui que l'économie fondée sur l'esclavage devait, de par ses limites, causer la ruine de la société antique.

La réification et la conscience du prolétariat

I Le phénomène de la réification

1

p. 111
« [...] En fait, le processus d'échange des marchandises ne se présente pas primitivement au sein des communautés naturelles, mais là où ces communautés cessent d'exister, c'est-à-dire à leurs limites, aux quelques points où elles entrent en contact avec d'autres communautés. C'est ici que commence le troc qui a ensuite sa répercution au sein de la communauté, sur laquelle il agit comme dissolvant ». [Marx, Contribution à la critique de l'économie politique]

p. 116

On ne peut parvenir à la rationalisation, au sens d'une prévision et d'un calcul toujours plus exacts de tous les résultats à atteindre, que par la décomposition la plus précise de chaque ensemble complexe en ses éléments, par l'étude des lois partielles spécifiques de sa production. La rationalisation doit donc, d'une part, rompre avec la production organique de produits entiers, basée sur la liaison traditionnelle d'expériences concrètes du travail : la rationalisation est impensable sans la spécialisation. [Marx, Le Capital]

II Les antinomies de la pensée bourgeoise

3

p. 173
Il semble ainsi que nous avons trouvé ce que nous cherchions : le fondement de la dualité insurmontable de la raison pure et de la raison pratique, le fondement du sujet de l'« action » et de la « production » de la réalité comme totalité.

III Le point de vue du prolétariat

3

p. 215-216
Si l'on essaie d'attribuer à la conscience de classe une forme d'existence immédiate, on entre inéluctablement dans la mythologie [...]

4

p. 229
Cette facticité pétrifiée, où tout se fige en « grandeur fixe », où la réalité du moment est présente dans une immuabilité totale et absurde, rend toute compréhension, même de cette réalité immédiate, méthodologiquement impossible.

Le changement de fonction du matérialisme historique

p. 274

[...] le matérialisme historique ne peut être appliqué de manière identique aux formations précapitalistes et à celles de l'évolution capitaliste.

Philo
Marc Girod