La mondéité du monde

§14. L'idée de la mondéité du monde en général

Que peut signifier décrire « le monde » en tant que phénomène ? [...] La description reste rivée à l'étant. Elle est ontique. Or ce qui est recherché c'est bien l'être[ :] mettre en lumière l'être de l'étant là-devant à l'intérieur du monde et le fixer conceptuellement par des catégories.

A. L'analyse de la mondéité ambiante et de la mondéité en général

§15. L'être de l'étant se rencontrant dans le monde ambiant

Taper à coups de marteau, rien de tel pour révéler la « manualité » spécifique du marteau. Le genre d'être de l'util dans lequel il se manifeste de lui-même nous l'appelons l'utilisabilité. C'est seulement parce que cet util a cet « être-en-soi » et ne se limite pas seulement à apparaître qu'il est maniable au sens le plus large et disponible.

Le bois est plantation forestière, la montagne est carrière de pierre, le fleuve est force hydraulique, le vent est est « dans les voiles ». À mesure que le monde ambiant est dévoilé se rencontre la « nature » ainsi dévoilée. Le genre d'être par lequel elle est utilisable pouvant être mis de coté, il est possible de la dévoiler et de la déterminer elle-même en s'en tenant à son pur être-là-devant.

§16. La modalité d'appartenance au monde du monde ambiant telle qu'elle s'annonce à même l'étant au sein du monde

La constatation d'une absence [du genre : « pas moyen de mettre la main dessus »], en faisant buter sur du non-utilisable, dévoile encore l'utilisable dans un certain être-là-devant. L'utilisable se signale à l'attention en se faisant non-utilisable dans le mode de l'importunance. Plus ce qui manque est d'un usage urgent et plus proprement il se rencontre en son inutilisabilité, d'autant plus, paradoxalement, l'utilisable devient importun au point qu'il semble perdre le caractère de l'utilisabilité. Il se révèle comme un étant qui n'est plus que là-devant, qui, en l'absence de ce qui fait défaut, devient impossible à éliminer.

[Le non-utilisable qui se met « en travers de la route »] dérange et fait voir la récalcitrance de ce dont il faut se préoccuper toutes affaires cessantes. Avec cette récalcitrance s'annonce, d'une nouvelle manière, l'être-là-devant de l'utilisable comme l'être de ce qui est toujours là à attendre et réclame que son cas soit réglé.

§17. Renvoi et signe

Dès l'interprétation préliminaire de la structure d'être de l'utilisable (des « utils »), le phénomène du renvoi est apparu[...] Il est, en outre, devenu évident que renvoi et réseau entier des renvois deviennent, en un certain sens, constitutifs de la mondéité elle-même.

Parmi les signes il y a l'indice, le signe précurseur et le signe de rappel, l'insigne, le marque distinctive, chacun ayant sa façon de montrer différente pour ne rien dire de ce qui, en tant que tel, sert à chaque fois de signe. Parmi ces « signes » il faut distinguer : la trace, la relique, le monument, le document, le témoignage, le symbole, l'expression, le symptôme, la signification.

§18. Conjointure et significativité ; la mondéité du monde

B. Le contraste entre l'analyse de la mondéité et l'interprétation du monde chez Descartes

§19. La détermination du « monde » comme res extensa
§20. Les soubassements de la détermination ontologique du « monde »
§21. Discussion herméneutique de l'ontologie cartésienne du « monde »

C. L'entourance du monde ambiant et la « spatialité » du Dasein

§22. La spatialité de l'utilisable au sein du monde

Il avait été question de l'utilisable sous la main. [...] L'utilisable a dans le commerce quotidien le caractère de proximité. [...] cette proximité de l'util est déjà indiquée dans le terme qui exprime son être, dans l'« utilisabilité », l'être à main [Zuhandenheit]. L'étant « à portée de main » [zur Hand] a chaque fois une proximité différente qui ne se repère pas par des mesures de distance. Cette proximité se règle sur sur le maniement possible et à l'usage qu'en fait la discernation qui « compte dessus ». L'arrangement à proximité de l'util signifie que celui-ci n'a pas uniquement, en se trouvant quelquepart là-devant, sa position dans l'espace, mais au contraire que, comme util, il est essentiellement casé et rangé, qu'il est posé, prêt à servir. L'util a sa place ou bien il « traîne », ce qui diffère fondamentalement d'une pure apparition là-devant à une quelconque position dans l'espace. [...] Ce vers quoi, qui dans le commerce qu'instaure la préoccupation, est tenu d'avance sous le regard de la discernation, celui du possible être-à-sa-place revenant à l'util, nous l'appelons le coin.

La préoccupation du Dasein pour lequel il y va en son être de cet être même, dévoile par avance des coins par rapport auxquels il a chaque fois un rattachement décisif.

§23. La spatialité de l'être-au-monde

Le dé-loignement est d'abord et le plus souvent affaire de discernation : rapprochement, amener à proximité, comme par exemple se procurer, tenir prêt, avoir sous la main. Mais certains genres de dévoilement de l'étant par la connaissance pure ont également le caractère du rapprochement. Le Dasein a par essence une tendance à la proximité. Toutes les manières d'accroître la vitesse auxquelles nous prenons part aujourd'hui de gré ou de force poussent à surmonter l'être éloigné. Avec la « T.S.F. », par exemple, le Dasein est en train d'opérer un dé-loignement du « monde » dont on ne peut encore embrasser du regard le sens qu'il aura pour le Dasein mais qui prend le chemin d'un élargissement désintégrateur du monde ambiant quotidien.

§24. La spatialité du Dasein et de l'espace


Être et Temps ToC
Marc Girod
Last modified: Mon May 10 16:41:25 EEST 2004