L'Amérique (re)découvre l'ISF

Stéphane Lauer
Tout est parti d’« AOC », initiales de la nouvelle égérie de la gauche américaine, Alexandria Ocasio-Cortez. L’ex-serveuse new-yorkaise, fraîchement élue à la Chambre des représentants, propose de taxer à 70 % les revenus des 16 000 Américains les plus riches, ceux gagnant plus de 10 millions de dollars (8,2 millions d’euros) par an.

Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts et candidate aux primaires démocrates pour l’élection présidentielle de 2020, voudrait taxer à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à 50 millions et à 3 % ceux qui dépassent 1 milliard de dollars. Au total, 75 000 ménages seraient concernés. Quant à Bernie Sanders, qui vient lui aussi de se lancer dans la course à la Maison Blanche, il imagine un taux d’impôt de 45 % sur les successions à partir de 3,5 millions et de 77 % au-delà d’un milliard.

En 2019, les 1 % les plus riches vont économiser 60 milliards de dollars d’impôts sans avoir rien demandé. Quelle était l’urgence de telles mesures dans un pays où les 0,1 % les plus riches possèdent autant que les 90 % les moins aisés ?
[L]’impôt progressif a été inventé par les Etats-Unis en 1913. [...] le taux marginal d’imposition était de 91 % entre la seconde guerre mondiale et 1963, lorsque Lyndon Johnson décida de l’abaisser à 70 %, le double par rapport à aujourd’hui. Sur la fiscalité américaine, on a le tort de ne retenir que la présidence de Ronald Reagan qui abaissa le taux marginal à 28 %.

Article (édité!?), Le capital au XXIe siècle,
Le Monde
Marc Girod