Revenus, éducation, santé, genre, climat : une radiographie des inégalités dans le monde après le Covid-19

Marie Charrel, mardi 7 décembre 2021
Le nouveau rapport, publié mardi 7 décembre par le Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL), piloté par les économistes Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, apporte un nouvel éclairage sur ces questions, révélant en outre que la crise liée au Covid-19 a exacerbé un peu plus encore la captation des richesses mondiales par les plus fortunés.
En moyenne, les 10 % des adultes les plus riches de la planète captent 52 % des revenus mondiaux, lorsque les 50 % des plus pauvres s’en partagent 8,5 %.
l’Europe est la région la moins inégalitaire du monde, même si d’importantes nuances subsistent entre les Etats membres. « C’est la seule zone où la classe moyenne touche une part des revenus plus élevée que celle des 10 % les plus aisés », expliquent les auteurs, à savoir 45 % contre 36 % pour les plus riches. Aux Etats-Unis, la proportion est de 41 % contre 46 %.
A l’opposé de l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (rassemblés sous l’acronyme « MENA » dans le rapport) détiennent la triste palme des régions les plus inégalitaires au monde. Les 10 % des plus riches y captent en effet 58 % des revenus, soit plus qu’en Amérique latine (55 %) et qu’en Asie de l’Est (43 %).
Les inégalités ne concernent pas seulement les revenus : elles sont plus élevées encore en matière de patrimoine
Aujourd’hui, la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne possède que 2 % de la richesse des ménages, c’est-à-dire presque rien (2 900 euros en moyenne par adulte, en parité de pouvoir d’achat), tandis que les 10 % les plus aisés en détiennent plus de 76 % (soit 550 900 euros en moyenne par adulte). Entre les deux, la classe moyenne détient 22 % de richesse, soit 40 900 euros en moyenne par adulte.
En Russie, la transition vers le capitalisme a accentué les écarts : le 1 % le plus aisé détient aujourd’hui plus de 40 % de la richesse des ménages, une part qui a doublé en dix ans.
Depuis 1995, les multimillionnaires (le 1 % le plus aisé) ont capté 38 % de la richesse additionnelle créée, contre 2 % pour la moitié des plus pauvres. « Et la pandémie a accéléré la tendance : en 2020, les milliardaires ont engrangé un gain de patrimoine de 3 600 milliards de dollars [3 190 milliards d’euros], l’équivalent des dépenses annuelles de santé de l’ensemble des Etats du monde »

En ligne, WID. world
Le Monde
Marc Girod
Tue Dec 7 08:23:22 2021