« En devenant ministre de tout, Macron renonce à son magistère » : les limites de l’hyperprésidence

Chronique de Solenn de Royer, mardi 16 mai 2023
Dans un article intitulé « Les labyrinthes du politique », publié par la revue Esprit en 2011, [Macron] prenait ses distances avec le « pouvoir charismatique » d’un président « démiurge » et regrettait la « crispation césariste » liée à l’élection présidentielle. Prémonitoire, il mettait en garde contre la tentation de réduire l’action politique au seul programme électoral, qu’on mettrait en œuvre ensuite pendant cinq ans, « l’application stricte des promesses » pouvant conduire « à l’échec ou à des aberrations ».
« La présidentialisation pousse à ce modus operandi qui n’est plus adapté aux contraintes de l’action publique », ajoutait-il, appelant à s’adapter à « la réalité », une fois l’élection passée. « Le théâtre de la décision ne peut être l’énoncé d’un programme qui sera ensuite débattu – de manière accessoire et préécrite – pour être appliqué verticalement », poursuivait-il. Avant de préciser – et c’est a posteriori délicieux – que la décision politique ne pouvait « plus avoir un locuteur unique ».

Article,
Le Monde