Critique de la raison dialectique

Tome II (inachevé) L'intelligibilité de l'histoire
Jean-Paul Sartre
Texte établi par Arlette Elkaïm-Sartre
NRF, Éditions Gallimard, 1985

Livre III L'intelligibilité de l'histoire

A. La lutte est-elle intelligible ?

1. Le conflit, moment d'une totalisation ou déchirure irréductible ?
Insuffisance de l'étude analytique, p. 16

Nous avons évité le scandale de l'irréductible antagonisme pour tomber dans les conditionnements en extériorité. Autrement dit, nous avons retrouvé la Raison analytique.

p 18

On décide parce qu'on ignore ; saurait-on, le fiat serait superflu.

2. Rapports du conflit singulier avec les conflits fondamentaux de l'ensemble social
Impossibilité d'une conceptualisation de la lutte, p. 54

La boxe est une réalité singulière, un processus totalisable mais impossible à conceptualiser. [...] On participe à l'aliénation publique des conduites de liberté.

3. Intelligibilté du conflit au sein d'un groupe assermenté
Conclusion du chapitre 3, p. 104

La disparition des individus ne parvient même pas à infléchir une politique, ou à créer une discontinuité. Lorsqu'elle y parvient, au contraire, c'est que déjà le rôle de l'individu y est plus considérable, et de ce fait, l'unité profonde du groupe plus précaire.

4. La lutte non résolue, comme anti-travail

5. Les luttes sociales sont-elles intelligibles ? (étude historique de la société soviétique)
L'unification par l'avenir, p. 132

[...] le seul chemin qui conduise vers [le] contrôle de la production par l'homme dont le sens doit être évidemment la suppression des médiations anti-humaines (par la matière ouvrée) et la liquidation du pratico-inerte comme champ de l'aliénation humaine.

Du gouvernement des hommes sur les choses à la Bureaucratie : praxis et praxis-processus, p. 154

Les dirigeants se font dirigeants de ces dirigés par la médiation du pratico-inerte.

Ambiguïté du conflit larvé, p. 169

La classe ouvrière existe en-soi mais non pour-soi.

B. La totalisation d'enveloppement dans une société directoriale : rapports de la dialectique et de l'antidialectique

6. Objectivité et idiosyncrasie (une dérive objective : l'antisémitisme stalinien), p. 274

La singularisation n'est que la facticité comme contingence nécessaire [...]

8. Sens de la totalisation d'enveloppement
Note 1, p. 300

Je ne prends pas l'attention pour une faculté ni même pour une fonction mais pour la praxis toute entière en tant qu'elle produit ses propres organes de contrôle et les conditionne par son développement total.

p. 305

Et c'est bien à partir de cette circularité que nous comprenons un homme : nous saisissons son acte à travers lui, nous le saisissons à travers son acte. Le sens est l'indication synthétique des tâches à remplir -- tant régressives que progressives.

9. L'être de la totalisation d'enveloppement : idéalismes historiques et méthode située
L'être-en-soi de la totalisation d'enveloppement ne peut qu'être visé à vide, p. 320

Ainsi se découvre à nous non pas l'antériorité de l'être-en-soi par rapport à l'être-pour-soi mais son autonomie. Non seulement il n'a pas à être connu pour être mais il échappe par principe à la connaissance.

L'être-en-soi de la praxis-processus : limitation extérieure de l'intériorité et limitation intérieure de l'extériorité, p. 332

Ce n'est pas faute d'avions que Napoléon a perdu la bataille de Waterloo.

p. 338

Micromégas peut saisir l'intériorité de l'extérieur comme sens et comme limite du processus qu'il considère mais il ne peut comprendre en intériorité le mouvement de cette histoire qu'en se faisant intérieur à elle.
Cette observation peut servir d'approche pour saisir et fixer la signification ontologique de la limite intérieure comme frontière de l'extériorité [...]
Autrement dit, l'intériorité [...] n'est pas mais s'intériorise ; la totalisation est un moment du processus mais un moment hétérogène dans la mesure où, loin d'être [...], elle se totalise.

C. Singularité de la praxis : éclatement du cycle organique et avènement de l'Histoire

2. Mise en question de la catégorie d'unité ; l'organisme pratique ou la première des machines, pp. 356-357

Le milieu terrestre produit -- selon notre expérience -- l'exis, cette étrange unité qui se prend elle-même pour fin, et du même coup se confond avec les moyens internes de la conserver, et la praxis humaine, comme dépassement (et conservation de l'exis), crée la totalisation comme spiralité toujours ouverte, jamais finie, de la temporalisation ; mais le tout, comme structure cachée de la catégorie d'unité synthétique, est lui-même un instrument de pensée et d'action schématique et sans correspondance réelle dans le champ pratique : il a été produit à la fois par l'organisme dépassé, par l'action dépassante et par la matérialité ouvrée.

Annexe

LE PROGRÈS
Science et Progrès, p. 427

Dès que je transforme l'inerte par le sceau de la praxis, il devient pratico-inerte : dressé contre moi par le retournement en négatif de la praxis par l'inerte.

Principales notions
Note p. 459 « Ce qui sert [la philosophie] c'est que ces mots ne sont pas entièrement définis... Il y a dans l'ambiguïté du mot philosophique quelque chose dont on peut de servir pour aller plus loin » [Situations IX, « L'écrivain et sa langue », 1965]


Tome I - Théorie des ensembles pratiques, L'intellectuel,
Philo ToC
Valid HTML 3.2!
Marc Girod
Last modified: Sun May 15 16:16:05 EEST 2005