Rhétorique

Aristote (384-322 AD)
Traduction de Charles-Emile Ruelle (1882), révisée par Patricia Vanhemelryck
Introduction de Michel Meyer
Commentaires de Benoît Timmermans
Le Livre de Poche, 1991

Un peu déroutant. La traduction prend le parti de la "fidélité" aux dépends de la fluidité, ce qui rend l'introduction et les commentaires particulièrement bienvenus. Beaucoup d'énumérations, qui ne donnent pas un sentiment de structure ou de nécessité très fort.
Parfois de l'arbitraire (e.g. XXIV, p 134) et ce qui semble être des répétitions (p 135),

Le livre a été oublié très longtemps et semble-t-il considéré comme mineur aux cotés de la Logique (Organon) l'Ethique ou la Poétique. La tradition philosophique a éclaté la rhétorique en dialectique d'une part et éloquence de l'autre (le fond et la forme ?). Bien qu'Aristote se prête par sa construction à cette analyse, il est piquant, et somme toute moderne, qu'il fasse la synthèse dans un même volume.

Notes

Introduction, 2. La naissance de la rhétorique, p 9

[La rhétorique, ancêtre de la philosophie] Corax, ministre du tyran doit s'expliquer à la chute de celui-ci, puis enseigne la rhétorique qui lui a servi (460).

3. La naissance de l'ontologie, p 12-13

Comment va s'opérer ce glissement de la question socratique qui ne connaît pas de solution à la question platonicienne, qui finira par oublier les questions?

4. Les figures de style, p 37

La métaphore négocie l'intelligibilité des situations et des émotions nouvelles par rapport aux anciennes, dont elle modifie le sens tout en le préservant.

7. De la métaphoricité à la rhétorique littéraire, p 65

[Wittgenstein] On peut éliminer certains problèmes, insolubles comme ceux de la métaphysique, en modifiant leur inscription linguistique. Une autre formulation suprimera le problème en présentant les choses sous un jour différent.

Livre premier - Ch IV - Principales propositions propres aux genre délibératif, p 97

IV. Enumérer en détail et minutieusement avec les divisions spéciales toutes les variétés d'affaires, puis donner, autant qu'il conviendrait, des définitions rigoureuses sur chacune d'elles, ce n'est pas le moment de chercher à le faire.

Ch VII - Du bien préférable et du plus utile, p 124

XXXVI. Ce qui tient à la réalité vaut mieux que ce qui tient à l'opinion. C'est pourquoi on trouvera préférable de recevoir un avantage plutôt que de le procurer [contradiction avec XXII, p 121, ou XXIII, p 132)

Ch VIII - Du nombre et de la nature des divers gouvernements. De la fin de chacun d'eux, p 132

XXIV. [arbitraire] Il est plus beau de châtier ses ennemis et de ne pas transiger avec eux ; car il est juste d'user de représailles ; or ce qui est juste est beau.

Livre II - Ch II - De ceux qui excitent la colère ; des gens en colère ; des motifs de colère, p 186

VI. Ils croient se donner un avantage sur ceux auxquels ils font du tort. Voila pourquoi les jeunes gens et les gens riches sont portés à l'insolence.

Ch IV - Quelles sortes de personnes on aime et l'on hait. Pour quels motifs, p 202

XXXII. Diriger l'auditoire vers la solution que l'on préfère.

Livre III - Ch VII - Des preuves, p 366

I. La controverse a lieu sur quatre points : 1) Non-existence du fait. 2) Fait existant mais non nuisible, 3) Fait existant, nuisible, mais moins qu'on ne l'a dit. 4) Fait existant, nuisible autant qu'on l'a dit, mais non injuste.

Commentaires, p 382

L'apport d'Aristote à la rhétorique tient donc à ces trois structures : Inventio-Elocutio-Dispositio ; Prouver-Toucher-Plaire ; Judiciaire-Epidictique-Délibératif.


Philo ToC
Marc Girod
Last modified: Sat Nov 22 16:50:23 EET 2003